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Le bourgmestre d’Anvers Bart De Wever, la secrétaire d’Etat belge à la Politique scientifique Elke Sleurs, ainsi qu’Eric Morel et Franco Ongaro, directeurs à l’ESA étaient présent à Antwerp Space
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Vers Mars et Jupiter avec Antwerp Space

04/11/2016 878 views 5 likes
ESA / Space in Member States / Belgium - Français

La société spatiale belge Antwerp Space a inauguré sa toute nouvelle salle blanche (“clean room”). Ce nouvel espace ultramoderne et sécurisé permettra à la société anversoise de réaliser des composants pour de nombreux satellites. D’ici peu, cette nouvelle salle blanche bourdonnera d’activités liées à l’intégration et aux tests de modules destinés à des missions phares de l’ESA, tells ExoMars et JUICE.

Grâce à sa participation à l'ESA, notre pays est à l'avant garde dans le domaine de la recherche spatiale, et cette dernière inclut également l'exploration de notre système solaire. La Belgique est d'ores et déjà impliquée dans JUICE,  l'ambitieuse mission de l'ESA, qui doit explorer à partir de 2030 la planète géante Jupiter et ses "lunes de glace" Europa, Callisto et Ganymède. Avec son diamètre de près de 5.300 km, Ganymède est d'ailleurs la lune la plus importante au sein de notre système solaire, surpassant même en taille la planète Mercure.

Cette étape importante pour l’entreprise a été célébrée la semaine dernière à Anvers en présence de plusieurs personnalités, parmi lesquelles le bourgmestre d’Anvers Bart De Wever, la secrétaire d’Etat belge à la Politique scientifique Elke Sleurs, ainsi qu’Eric Morel et Franco Ongaro, directeurs à l’ESA.

Le travail dans une salle blanche
Le travail dans une salle blanche

Une salle blanche est un espace fermé dont l’air contient très peu de particules de poussière. Les particules de poussière peuvent en effet empêcher le bon fonctionnement des appareils. Comme il n’y a pas de poussière dans l’espace, il est dès lors important qu’il n’y en ait pas non plus lors de l’intégration et des opérations de test des équipements amenés à aller dans l’espace.

Dans une salle blanche, la contenance en poussière de l’air, sa température et son humidité sont dès lors précisément régulés afin d’éviter toute contamination d’équipements sensibles. Un niveau minimum de surpression y est également maintenu en permanence. C’est ce qui explique pourquoi seule une porte peut être ouverte à la fois, et pourquoi il y a un sas à l’entrée de la salle blanche.

L’air de la salle blanche d’Antwerp Space contiendra dix fois moins de particules de poussière que l’air ambiant. Des règles très strictes y sont d’application pour les membres du personnel qui y travailleront. L’accès y est réservé aux employés qui ont reçu une formation adéquate, et les techniciens, les ingénieurs et les visiteurs sont priés de revêtir une combinaison spéciale. 

L’humidité dans une salle blanche (c’est-à-dire la quantité d’eau dans l’air) est maintenue à un niveau assez bas (autour des 55 %), tandis que la température est maintenue à environ 22°. La nouvelle salle blanche est également une zone protégée ElectroStatic Discharge (ESD). Des mesures spéciales ont été prises afin de réduire les risques liés à des décharges électrostatiques sur des composants électroniques particulièrement vulnérables.

En ce qui concerne ses dimensions, la salle blanche d’Antwerp Space occupe une surface au sol de 100 m2, pour une hauteur moyenne de 3 m, ce qui lui confère un volume d’environ 300 m3

De retour dans l’espace

JUICE explorera à partir de 2030 Jupiter et trois de ses plus grandes lunes
JUICE explorera à partir de 2030 Jupiter et trois de ses plus grandes lunes

Antwerp Space est riche d’une longue histoire, entamée en 1962 lors qu’elle a été créée en tant qu’entité au sein du groupe Alcatel Bell. Elle est passée par des hauts et des bas, et pendant les dernières années, ses activités s’étaient limitées à réaliser des équipements de communication au sol pour les satellites. Depuis l’acquisition de la société par le groupe OHB en juillet 2011, la société a repris le chemin de la croissance.

« L’inauguration de cette salle blanche est un signe évident qu’Antwerp Space renoue avec l’espace dans le cadre de projets prestigieux tel que JUICE, et c’est une magnifique réussite, tant pour l’entreprise que pour la Belgique. La Belgique est un contributeur majeur au budget de l’ESA, il est dès lors très important que sa contribution financière soit assortie d’un tissu industriel adéquat. A l’ESA, nous sommes également très fiers aujourd’hui », déclare Eric Morel, directeur de l’industrie, des achats et affaires juridiques au sein de l’Agence.

Jacques Nijskens, directeur pour les activités spatiales au sein de BELSPO, exprime également sa satisfaction : « nous avons aidé Antwerp Space à construire cette expertise ici, à Anvers, et nous sommes très heureux d’en voir aujourd’hui les fruits, à travers un retour dans des missions scientifiques spatiales majeures. Nous espérons que dans une prochaine étape, tout ceci aidera Antwerp Space à valoriser son savoir-faire aussi sur le marché commercial. »

Une contribution anversoise à l’exploration spatiale

« Anvers prend le chemin de Mars ! »
« Anvers prend le chemin de Mars ! »

Si la salle blanche est flambant neuve, le programme des activités industrielles qui vont s’y dérouler est déjà bien chargé. Antwerp Space est en effet partenaire au sein de nombreuses missions scientifiques et d’exploration conduites par l’ESA, telles ExoMars et JUICE.

Pour la mission ExoMars 2020, Antwerp Space va ainsi construire le module de communication du vaisseau de transport. Cet équipement clé sera en charge des communications entre le vaisseau et la Terre.

De plus, un instrument appelé LaRa (Lander Radioscience) sera intégré à la plateforme de surface qui atterrira sur Mars. Cet instrument utilisera des signaux radio entre la plateforme et la Terre pour déterminer la rotation et l’orientation de Mars dans l’espace avec une précision encore jamais atteinte.

La mission a été conçue par l’Observatoire royal de Belgique à Bruxelles et l’instrument sera construit et intégré par Antwerp Space dans sa nouvelle salle blanche. Bart De Wever, le bourgmestre d’Anvers, s’est montré très heureux « que de la technologie anversoise atterrisses sur la planète rouge pour la toute première fois ». Comme il le dit lui-même, « Anvers prend le chemin de Mars ! »

Mais Antwerp Space voit déjà bien au-delà de Mars. La société est également chargée de la conception, de l’intégration et des tests de l’entièreté du sous-système de communication qui sera installé à bord de la sonde JUICE. La mission de l’ESA JUICE (JUpiter ICy Moons) sera lancée ver Jupiter en 2022 et mènera – après un voyage de plus de sept années – une étude approfondie du système jovien, en mettant l’accent sur trois de ses plus grosses lunes dites « galiléennes » : Ganymède, Europe et Callisto,

JUICE sera le tout premier satellite à orbiter autour d’une lune – en l’occurrence Ganymède – d’une planète géante. Le système fourni par Antwerp Space servira à maintenir une connexion entre Jupiter et la Terre. Etant donné la grande distance (de 588 à 968 millions de kilomètres), un signal radio pourra mettre jusqu’à 1h46 pour parcourir l’aller-retour avec la Terre.

Réalisation d’équipements embarqués

LaRa fera partie de la plateforme de surface qui atterrira sur Mars
LaRa fera partie de la plateforme de surface qui atterrira sur Mars

Les ingénieurs employés chez Antwerp Space sont impatients de pouvoir commencer les activités prévues à leur agenda. « ExoMars est un projet ambitieux, avec des délais très serrés. Antwerp Space fait partie d’un groupe de 5 entreprises issues de 4 états européens. C’est une période très enthousiasmante pour travailler ici à construire et intégrer des équipements dans notre nouvelle salle blanche ». 

Ce sentiment est partagé par Franco Ongaro, directeur Gestion technique et de la qualité à l’ESA. « Assembler différents équipements spatiaux est un défi très excitant pour des ingénieurs. A chaque fois que je veux m’échapper quelques instants de mon bureau, je me rends moi-même dans nos salles blanches pour y voir du vrai matériel spatial ! ».

Stimuler la croissance sur terre en investissant dans l’Espace

L’exemple d’Antwerp Space illustre comment l’investissement public dans l’espace porte ses fruits au bénéfice de l’ensemble de la société. Grâce au soutien ces cinq dernières années de l’ESA et de BELSPO, Antwerp Space a été en mesure de renforcer ses capacité et de créer de nouveaux emplois.

« Il remarquable de voir que l’investissement public dans le secteur spatial permet à des entreprises à succès comme Antwerp Space, de croître et de créer de nouveaux emplois, particulièrement à l’aube d’un Conseil ministériel de l’ESA et dans un contexte d’austérité budgétaire », confirme Hendrik Verbeelen, responsable pour la politique industrielle et les programmes technologiques au sein de BELSPO.

Elke Sleurs, secrétaire d’Etat belge en charge de la Politique scientifique, est sur la même ligne. « La Belgique continuera à s’appuyer sur l’expertise technique de l’ESA pour mettre en œuvre sa politique spatiale dans les années à venir. Le Conseil ministériel revêt dès lors d’une importante cruciale » affirme-t-elle pour sa part.

La mise en service de la nouvelle salle blanche ne marque certainement pas la fin de l’aventure pour Antwerp Space. C’est ce que confirme Marco Fuchs, le CEO du groupe OHB : « l’investissement réalisé par Antwerp Space au travers de cette nouvelle salle blanche est un signe concret de la confiance de la société dans son avenir. L’inauguration de cette nouvelle installation marque clairement le retour d’Antwerp Space au devant de la scène spatiale européenne ».

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